Sujet: Sourires... Sam 6 Sep - 1:07 |
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Il pleut. Juste un éclat sur la vitre. Un autre. La pluie.
C'est ma joue qu'elle veut. Mon visage. Mon cœur. Moi, toute entière.
Elle redouble ses efforts. Éclabousse la vitre. Transfigure le dehors derrière son rideau. Et frappe. En longues coulées obliques, elle laisse son empreinte. Masque la vérité. Nous laisse dans le flou après avoir arrondi les angles, estomper les contours.
Et immobile, hors d'atteinte, je l'observe faire son office.
Caresse le temps. Enveloppe les ombres. Effleure le vent. Elle me sourit...
Et c'est à cet instant, mon amour, que tu viendrais m'enlacer. Serrer contre toi la femme de tes nuits, de tes jours, de ta vie... Tu poserais ta main sur mon ventre rond, tes lèvres dans mon cou. Elles remonteraient tendrement jusqu'à mon oreille. Et y murmureraient des vérités si belles que je te ferais taire, pour ne pas avoir à te répondre. Et encore une fois, trouver mes mots si fades à côté des tiens. Je caresserais ta nuque du bout de mes doigts si froids. Tu frissonnerais et m'embrasserais. Ta langue caresserait la mienne, tandis que tes mains retrouveraient sans peine la courbe de mes hanches. Alors, je quitterais tes lèvres, et d'un regard, te criblerais d'amour. Tu me sourirais...
Je repose mes yeux sur la vitre. Tu n'es plus là. Ni ici, ni ailleurs. Juste dans mon coeur.
La pluie a cessée. La vitre a repris sa lucidité. La monde, sa morosité. Mon ventre a perdu ce trésor. Il est parti. Avec toi.
Mon corsage désormais s'est resserré sur des seins amaigries et tombants.
Le soleil fait son apparition. Il inonde mon visage de cette lumière qui autrefois me rendait belle. Le châle sur mes épaules couvrent mes vieux jours, masquent les aléas de ma vie. Je me glisse avec aisance, dans la peau d'une petite vieille fripée et ridée qui tremblote, son châle sur les épaules. Il est si facile de s'approprier des clichés. Mais rien n'y fait, j'ai toujours froid.
Une mèche blanche vient barrer le paysage. Je l'écarte. La glisse dans mon chignon. C'est la mort pour nous, pauvres vieillards. La blancheur...
Le corbeau sur sa branche me regarde. Moi. Future carcasse. Future repas. Il me sourit...
Crois-tu qu'il est encore temps de réparer les erreurs? Crois-tu que la mort emportera mon âme, et ne la laissera pas là, au milieu de ce tas encore fumant, dernier souvenir de ma vie? Crois-tu qu'il faille regretter? Crois-tu que le temps effacera dans les cœurs le mal que j'ai pu faire?
Et toi? TOI! C'est aussi ta faute! Pourquoi toujours prendre sur mes épaules l'entière responsabilité?
J'ai froid tu sais. Vraiment froid. Et ça ne veut pas passer. Pourquoi? Je ne sais pas. J'ai froid.
Mais tu sais... Il me suffit d'imaginer ton visage, ton sourire, et nos rires. Nos étreintes, nos deux corps, nos deux êtres. Pour ne faire plus qu'un. Et là, cette sensation disparaît quelques instants.
Alors, je prolonge cette chaleur soudaine. Je m'enflamme. Les flammes dévorent mon visage, mes cheveux crépitent. Ma peau se noircit. Mais, je ne cris pas. J'ai chaud. Tellement tellement chaud.
Mon amour... Le vois-tu, au milieu du brasier, ce sourire?
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Piping
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