Sujet: L'imperfection de la perfection Ven 19 Déc - 21:27 |
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Dans ce monde totalement parfait, ou devrais-je dire surfait, s'il y a bien un objet qui a trouvé sa place c'est ce banc. Bien centré face à une large route, la vue y est juste idéale. C'est bien la seule chose à mon goût d'ailleurs. Je viens là et je m'assoie, je peux y rester des heures, juste à observer, parfois les passants mais plus généralement la route qui s'étale devant moi. Les passants, je les ignore et ils me le rendent bien, mon soit-disant jolie minois les attire parfois, mais il suffit d'un regard pour leur faire comprendre, que non je n'ai pas de feu et oui ils gâchent ma vue, et sans doute que s'ils restaient encore un peu ils gâcheraient aussi mon existence, si c'est encore possible. Allez du vent, vous voyez bien que vous me gênez là.
Je suis seule et je regarde la route, ses maisons accolées les unes aux autres, hautes et parfaitement identiques, blanches comme la neige. Et devant, il y a ces arbres coupés au carré, on dirait des cubes de feuilles plantés sur des troncs parfaitement rectilignes et ronds, la taille parfaite de ces arbres parfaits ne laisse pas dépasser un dixième de millimètre de feuille. Et de la où je suis, on voit juste deux bandes vertes parfaitement rectilignes, si bien que je parierais qu'ils coupent les arbres en utilisant un niveau d'une précision formidable... Formidablement pathétique... Tout ça pour ça !
Quand je viens ici, je regarde chaque arbre et je cherche l'imperfection : Une feuille de travers ou difforme, une branche qui ne prend pas le même angle que les autres, une faille dans la taille. Mais rien. Non rien, un grand rien. Chaque arbre est un clone du précédent, l'homogénéité de la production d'arbres, plantes et autres est impressionnante de ridicule. Ils sont plutôt doués dans leur perfectionnisme les bougres.
Toute cette perfection, c'est écœurant. Et puis franchement... c'est moche !
Il faut vraiment que je me casse de cette ville pour aller n'importe où ailleurs, là où ils sont moins perfectionnistes et un balai dans le cul, que tout soit propre, nickel, chrome, droit, parfait, pas un pet de travers. Ici l'imperfection, c'est moi, du moins, de leur point de vue.
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Milena
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