A J*******.

Beaucoup s'en doutent depuis un bon moment.
D'autres se le cachaient pour y croire encore.

On a tenté plusieurs manoeuvre de réanimation?
Massage cardiaque, insufflation, et autre tripotage peu courtois.

Rien n'y a fait.

On s'est fait beaucoup de mal ces derniers temps.
Beaucoup de mal a s'acharner.

Le concept de Munuroe avait un potentiel, mais nous, avions nous vraiment la compétence …

Je repensais à ce que quelqu'un nous a dit en claquant la porte. D'ailleurs, un écho s'est glissé par la fenêtre après son départ en haussant les épaules et en dandinant du cul : Nous sommes fragiles et vacillants comme la flamme d'une bougie, trop instables pour qu'on y consacre son énergie créatrice.
C'est difficile de répondre à un écho. ça vient de loin, c'est aussi franc qu'un …

Sujet: A J*******. Mer 31 Déc - 2:46

J'avais posé quelques mots sur cette lettre. Comme tous les ans, à cette période de l'année. J'ai beau exécré la routine, je dois avouer qu'écrire ces mots est devenu une habitude, presque quotidienne.

Je te rassure, c'étaient des mots de rien du tout. Des mots de tous les jours, sans impact, vide en fin de compte. Mais c'était des mots qui me tenaient à cœur, simplement parce qu'ils étaient pour toi.
Je me rappelle juste de la dernière fois, où j'ai entendu le son de ta voix:
" Allo. C'est moi. Je... Je-voulais-te-souhaiter-un-bon-anniversaire-je-te-fais-de-gros-bisous-J*******. "

Tu dois avoir oublié.
Mais moi non.
C'était ta voix. Mais pas tes mots. Tu ne faisais que lire ce qu'on t'avait écrit sur un morceau de papier.
Étrange adieu, n'est-ce pas?
Enfin...
Ce n'était peut-être même pas un adieu. A l'époque, tu ne savais pas comment tout ça allait évoluer. Peut-être que si. Après tout, je n'étais déjà plus dans ta tête.

Et puis aujourd'hui, j'ai reçu la lettre: Retour à l'envoyeur.
Pourquoi?! "N'habite pas à l'adresse envoyée".
Si impersonnel comme formulation, si formelle, si guindée, si... vide. Elle te ressemble. Parce que c'est ce que tu es devenue. Une femme vide, une enveloppe sans pensées, sans passé, sans souvenirs.

Ta famille n'a même pas pris le temps de m'avertir.
Il a fallut que Maman se pointe à la porte, me regarde de son air "ma-pauvre-chérie" (le seul regard que je ne supporte pas) et me tende cette lettre. Ta lettre. Celle où reposaient mes mots. Pour toi.
Il a fallut que Maman m'annonce t'avoir entraperçu lors d'un reportage sur un de ces centres pour ceux qui sont comme toi.
Il a fallut...

Ironie du sort, l'année passée, j'ai écrit une critique sur un livre traitant de ta maladie. Ironie du sort, cette même critique m'a permis de remporter un prix.
Ironie du sort, enfin, mes mots, pour tous ceux qui les liront, sonneront aussi creux que ton esprit. Pourtant ce sont les seuls qu'il me reste pour toi.

Et moi... Aussi inconnue que je puisses être pour toi désormais, la plus belle chose qu'il me reste aujourd'hui; c'est le souvenir. De toi.

J.