Folie ou fantaisie ? être un puzzle...

Beaucoup s'en doutent depuis un bon moment.
D'autres se le cachaient pour y croire encore.

On a tenté plusieurs manoeuvre de réanimation?
Massage cardiaque, insufflation, et autre tripotage peu courtois.

Rien n'y a fait.

On s'est fait beaucoup de mal ces derniers temps.
Beaucoup de mal a s'acharner.

Le concept de Munuroe avait un potentiel, mais nous, avions nous vraiment la compétence …

Je repensais à ce que quelqu'un nous a dit en claquant la porte. D'ailleurs, un écho s'est glissé par la fenêtre après son départ en haussant les épaules et en dandinant du cul : Nous sommes fragiles et vacillants comme la flamme d'une bougie, trop instables pour qu'on y consacre son énergie créatrice.
C'est difficile de répondre à un écho. ça vient de loin, c'est aussi franc qu'un …

Est-ce que ça va ?

Ah non ! Il ne faut demander si ça va.

Pourquoi ?

Au cas où ça n'irait pas. Parce que Nous ne l'avons peut-être pas encore vu. Mais temps que Nous ne le voyons pas, ça n'existe pas dans notre esprit.

Fermer les yeux... esquiver la fenêtre pour ne pas voir qu'il fait gris... Mais c'est comme un mensonge.

Ah ça oui, Nous nous mentons pour mieux Nous préserver

Ce n'est pas lâche ou dangereux ?

Non, c'est malin. La peur n'évite pas le danger et Nous savons que si Nous nous inquiétons du mal, la peur rendra la douleur plus pénible.

Et s'il n'y a pas de mal ?

C'est pareil, puisque Nous ne le verrons pas.

Et le bonheur ? Le verrons-nous en fermant ainsi les yeux ? La douleur n'est-elle pas un rocher ?

Un rocher ? ... ou une montagne escarpée ?

Franchissons là et Nous verrons bien.

Et que verrons Nous ?

Nous ne savons pas... mais se sera toujours mieux que le néant du gouffre assis derrière son ombre.

Chut ! Quelqu'un approche ! On Nous écoute

...

Euh... bonjours ^^'

-Ca y est ? ils sont partis ?

-A mon avis ils ne sont pas bien loin, mais ils vont pas Nous faire de mal.

-J’men fout, ils peuvent bien Nous regarder, ça va pas m’empêcher de faire c’que j’veux.

-T’es sûr ?

-Oui !

-Et bah pas Moi.

-Moi non plus. J’ai peur.

-N’ai pas peur. Tu sais, peut-être qu’il ne comprendront pas et qu’ils ne chercherons pas à comprendre. Et c’est pas grave.

-Donc, je peux faire c’que j’veux

-Non, pas tout à fait.

-J’ai peur

-Ca va aller

-Non, parce que si j’ai peur Nous allons nous cacher et Nous seront tout seuls. Et je veux un câlin.

-Oui, un câlin. J’vais en voler un !

-Non, quand même pas…

-Pourquoi pas ? Qu’est-ce qui va m’en empêcher ?

-Moi ! Parce que j’ai peur

FORMAT A4

Une page blanche, vide, néant, l'ennui
Un crayon, mon sceptre, ma baguette magique, mon sauveur, mon pilier

Et je remplie.
Je trace, je comble l'ennui, et plus encore. Je crée.
Un monde, une vie, à l'abri, bien rangé entre les quatre côtés de la page.

L'œuvre grandi, prend de l'ampleur... et de la place.
Beaucoup de place dans un espace réduis. Cette page initialement blanche à présent noyée des tracés de toute une vie. Depuis le jours où j'ai pris le crayon dans ma main et que j'ai choisi de régner sur ce rectangle.
C'est MA maison. Mon coin. Mes quatre coins.

Mais quatre coin, c'est pas beaucoup. Et le tracé ne s'arrête jamais.

La mine de mon sceptre se casse.
Pendant un temps, la ligne s'est arrêtée.
Mon pilier... mon monde... ma vie que je ne pouvais plus dessiner.
Et toutes ces lignes noires entassées dans les coins. Trop occupée à tracée, est-ce que j'ai vue que ça manquait de place ? Est-ce que j'ai vu mes idées noires peu à peu m'étouffer, me repoussant un peu plus au milieu de la feuille. Ma précieuse page, unique, ma vie, mon refuge...

J'ai retrouvé un crayon et me suis remise à tracée.
Mais la mine cassée à fait un petit trou dans le papier, une cicatrice, une marque par dessus de nombreux tracés et que l'on n'effacera jamais. Il faut que je prenne plus soin de ma page. Revoir l'œuvre, ma façon de tracer.

Quatre coin et un milieu, c'est pas assez. Les grosses lignes grasses on croisé les petites ligne dure là ou il ne faudrait pas. C'est un beau fouillis de fils qui s'emmêlent, se nouent et peu à peu ronge le papier en commençant par les coins.
Alors je segmente.
Dorénavant, ici, les traits gras, là les lignes fines et ici un peu des deux.
Et les couleurs ? Ne surtout pas oublier les couleurs. Une parcelle pour chaque type.

La page ressemble alors à un puzzle avec tous ces petits coins et ses petites cases. Un espace bien rempli.

Mais je n'ai pas fini.
Il me reste d'autres couleur.
Et il ne faut pas que j'arrête mon crayon. Le tracé doit continuer.
Alors je triche.
Je sort mon feutre rouge et dessine un nouvel échiquier par dessus le puzzle. De nouvelles cases un peu grossières mais fine dans leur concept, en accord avec le puzzle murement réfléchis. Un damier. Un jeu. Le quadrillage comme un costume d'arlequin avec les couleurs d'en dessous apparaissant dans les cases épaisses.
Une comédie. Belle supercherie pour tracé plus que ce que la page peut contenir.

Mais après ?
Ajouter des couches comme ça à l'infini ?
Le papier surchargé gondole. Les coins sont cornés.
Mais le crayon ne peut pas s'arrêter de tracer.
Il n'y a plus beaucoup de place dans cette espace imposé.
Trop étroit

Et si je regarde l'horizon
une vision flou.
Où sont les bord et les coins au delà du papier ?

Si j'écris sur la table, ça risque de s'effacer.
Alors à quoi bon ?

Mais ma main se crispe sur le crayon, continuant de gribouiller la même page, en dedans.
J'étouffe entre mes coins, noyée sous l'encre de mes propres gestes.

Puis un nouveau trou dans ma feuille !
Le souffle court, un feutre sec, les autres qui coulent.
Et mes doigts qui continuent à se contracter sur le papier imbibé, cherchant le sceptre, le pilier, la sécurité.

Mais pour pouvoir continuer, il faudra sortir de la page, au delà des coins, dépasser les bords. Prendre le risque de voir des lignes effacées ? Des efforts pour rien ?

Peur de perdre. Peur de ce qu'il y a plus loin, peur des changements qui s'y passent, de ces supports instables qui ne sont pas du papier.
Mais n'est-ce pas pire de détruire sa page, de ne plus pouvoir tracer ?

Il est peut-être temps de sortir du format A4
prendre des risques, voire des choses s'effacer, des lignes perdues
mais peut-être trouver d'autres pages, avoir la chance de les traverser.
Et là où ça s'efface, il y a toujours de la place pour dessiner à nouveau, renouveler l'image, cheminer vers d'autres supports, dont certains ne perdront jamais la trace.

Oui, il est peut-être temps de se lancer. Oser franchir le bord de la feuille étaler ses couleurs à la vue d'une partie du monde, au lieu de les garder enfermées dans le mien, sur cette feuille trop précieuse que je cache sous mon coude.
Oui, avant que ma manche ne soit trop tachée, il est temps.

Sortir du format A4.

Je suis un puzzle. Un bout brisé.
Je vois tout noir puis tout blanc, puis noir encore.
Je suis zébrée.
Une paumée partagée, qui tente de s’équilibrer dans la dualité.

C’est pas moi, c’est Lui. Lui c’est moi quand je ne veux pas voir ça. Manœuvre forcée pour faire taire le doute. Un masque fabriqué par Moi pour quand Moi n’ose pas. Un outil comme une pièce qu’on tire à pile ou face. On ne peux pas tout contrôler alors pourquoi ne pas faire confiance au hasard, surtout quand on est quelqu’un de chanceux ? Mais la pièce est truquée. Truquée par la volonté de toujours tomber sur blanc, jamais sur noir. Vivre le cauchemar comme un rêve tant que c’est possible. En plus, il n’y en a sûrement pas tant que ça, du cauchemar. Et au pire, on verra.

Mais l’Autre a peur du noir. Paranoïaque, il pourrait en voir partout. Regarder le pire, s’alarmer, stresser, pleurer, hurler et se fixer, ne plus bouger. L’Autre a besoin d’être rassuré pour avancer. Sinon il se fixe, les pieds dans le sol, comme un mulet. Si trop de noir, on va nul part.
Moi le rassure. Moi réfléchis et a appris à voir la lumière. Il en imprègne l’Autre et le cajole. Et lorsqu’il relève la tête, Nous avançons. Un pas après l’autre, Nous suivons le fil blanc. Certes, il y a toujours des ombres noires, mais il ne faut pas s’arrêter. Et si l’Autre a peur Moi le résonne ou le fait taire, l’oblige à avancer même les yeux fermer.

Mais Moi doute. Il réfléchis beaucoup, à peser le noir et le blanc et à chercher toujours plus de blanc. Quand il en trouve assez pour nager dedans, il tente le noir pour s’assurer qu’on peut toujours avancer, même à côté du chemin blanc. Il convoque Lui pour oser l’erreur ou pour avancer quand le doute le paralyse.
C’est quoi cette chose ? On dirait du gris ? On marche comment sur du gris ? Et le gris, de quel côté il s’éclairci ? Moi n’est pas sûr, l’Autre s’inquiète. Il faut décider avant que Nous s’arrête et que Nous nous enlisons dans le gris.
Alors Moi donne l’hypothèse à Lui. Lui qui ne réfléchis pas, qui n’hésite pas, Lui qui applique et advienne que pourra.

Un fil, une perche, un l’Autre sur un bout, un Lui sur l’autre. Et Moi qui tente d’équilibrer, de répartir le blanc et le noir sur les côtés tendit que le centre reste rouge passionné.

Mais avec ces pièces, quelle est l’image ? quel est le Nous ? quel est le tout ?

Je suis qui ? quoi ?
J’ai renoncé à le savoir.
Je suis paradoxe, pièces détachées. Je peux être tout parce que je ne défini pas le Nous. Et malgré tout cohérent, parce que sinon je ne suis rien du tout.
Juste une paumée, une zébrée, de noir et de blanc rayée. Un damier collé par le ciment d’un cœur rouge sang.

Je vie parce que je vie.
Et dans le pire des cas,
Advienne que pourra.
Le rouge saura qui je suis.

Sujet: Re: Folie ou fantaisie ? être un puzzle...