Sujet: La vie: Précieuse Ridicule. Mer 20 Mai - 22:52 |
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J'ai tourné la tête. A droite, et à gauche. Comme ma Mère m'avait appris avant de traverser la route. (Omettons le fait qu'elle m'avait également appris à trémousser du derrière lorsqu'il y avait quelques automobilistes assez aimables pour éviter d'écraser un si joli minois que le mien. Non, non. Le "joli minois", c'est le mien, mais c'était son expression.)
A droite. Y avait Dieu. Tout d'suite. Tout d'suite j'ai senti qu'aller vers lui c'était se faire entuber. Pourquoi? Peut-être parce qu'il y avait Odieu collé à ses basques. Il dénotait un peu dans le décor d'ailleurs; on aurait dit un vulgaire produit rapporté qui aurait suivi Papa non par obligation mais plus simplement parce qu'il avait pas su trouvé une idée bien à lui, une position différente à tenir. Y avait déjà le Bien et le Mal, la Neutralité n'allait sans doute pas tarder, à quoi bon chercher un autre camp, autant aller faire risette auprès de Papa. J'comprends. Odieu a toujours été le plus "humain" des dieux. Enfin, façon d'parler. Lui et moi, c'est comme qui dirait, une longue histoire. En fait, j'suis plus si sûre que ce soit la raison pour laquelle j'ai tourné la tête à gauche (plus tard). Peut-être que c'était plutôt parce que j'ai vu toute la foule qui s'amassait là. Le bétail, les pions du jeu d'échec, ceux dont la vie serait sacrifié pour un caprice divin. Ça tenait de la foire aux bestiaux, de l'armée de paysans encore au stade fourches et gourdins. J'suis pas resté longtemps sur cette image là...
Et j'ai tourné la tête à gauche. Alors que les premières orgies débutaient de l'autre côté, à gauche c'était le silence militaire. Les discours carrés, droits. Ca sentait presque la propagande à plein nez, les nantis, les guerriers over-body-buildés. J'ai hésité. Oui, faut l'avouer, j'ai toujours eu un faible pour le genre grand, blond, bagarreur, musclé et huilé. J'ai lorgné sur les quelques types qui roulaient leur biscotos sous les yeux de Lymbia. J'ai été déçue. Mais j'en ai rien laissé paraître. Je me suis alors dit que peut-être, ça serait pas mal quand même cette armée. Surtout quand je les ai vu mes guerriers genre pas blond mais grand, bagarreur, musclé, huilé, et à vous foutre les ch'tons, vraiment! C'était l'excuse idéale pour aller taper sur tout ce qui bouge, pour aller foutre le feu aux cadavres qui traînent. Le laisser-passer de mes débauches quotidiennes. Être du côté des méchants, ça m'inspirait bien... Oui, vraiment.
Et puis, j'ai traversé la rue. Pourquoi? C'est une bonne question. C'pas mon genre de passer à côté d'une occasion comme celle-ci. Non, vraiment pas. Et pourtant si... Je me suis même pas retourné. J'ai même pas eu un coup d'œil plein de regrets vers ce qui m'aurait offert un semblant de légitimité. J'avais vu mieux... de l'autre côté de la rue. Une alternative. Une rédemption temporaire. L'échappatoire.
En face. C'était Ysalena. Y avait pas foule. Elle était discrète en même temps. Deux ou trois "choses". Une gamine, un cloporte. Étrange comme adepte, mais j'ai pas fait de détail. J'ai écouté sa diatribe. Elle parlait avec une petite voix, douce et fragile, presque un murmure. On aurait dit de la poésie. Et moi, grande bête que je suis j'ai succombé. C'est le paradoxe de l'existence. On croit être quelqu'un, on croit se connaître, on croit savoir ce qui nous a construit, et ce qui demain nous construira. Et deux minutes, plus tard, on prend la route à contre-sens... C'est c'que j'ai fait. Le pied de nez à tout ceux qui me connaissent, ou croit me connaître. Et j'ai pris le parti de la vie. Précieuse. Et tellement ridicule à la fois. Oh, n'allez pas croire qu'il en sera toujours ainsi. C'est temporaire. Je déteste les guerres rangées, celles qui se jouent à ciel ouvert, sous les hospices divines. Je préfère celle où l'on se bat chaque jour... pour survivre.
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Piping
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