Un esprit prisonnier et un corps qui survit

Beaucoup s'en doutent depuis un bon moment.
D'autres se le cachaient pour y croire encore.

On a tenté plusieurs manoeuvre de réanimation?
Massage cardiaque, insufflation, et autre tripotage peu courtois.

Rien n'y a fait.

On s'est fait beaucoup de mal ces derniers temps.
Beaucoup de mal a s'acharner.

Le concept de Munuroe avait un potentiel, mais nous, avions nous vraiment la compétence …

Je repensais à ce que quelqu'un nous a dit en claquant la porte. D'ailleurs, un écho s'est glissé par la fenêtre après son départ en haussant les épaules et en dandinant du cul : Nous sommes fragiles et vacillants comme la flamme d'une bougie, trop instables pour qu'on y consacre son énergie créatrice.
C'est difficile de répondre à un écho. ça vient de loin, c'est aussi franc qu'un …

Quel est ce monde dans lequel tu vis ?

Laisse moi l’imaginer et le leur dessiner. L’endroit importe peu, avec toi seules les personnes comptent. Je ne dessinerai donc pas de mur, juste un espace bien ouvert, où tout le monde se rassemble autour de toi. Pourquoi les attires-tu comme ça ? Ils ne comprennent pas encore, car ils ne savent pas. Je te connais, et je te regarde, plongée dans tes yeux qui pétillent de malice et d’amitié. Ce reflet de ton âme, si entier et sincère qu’il efface à lui seul l’hypocrisie qu'il pourrait y avoir autour. Non, pas de ça avec toi. Toi, tu aimes. Tu aimes les gens, qui deviennent vite tes amis. Des amis dépendant de tes iris marrons. Marron, la couleur n’a pas d’importance. Chez toi, cette couleur n’est qu’un mélange de générosité et d’amour. Je vois ton sourire qui s’étire un peu plus. Oui, un peu plus, car ton visage ne sait vivre sans lui. Je le regarde et je le connais. Je connais ce sourire qui annonce un petit compliment qui touche et qui fait rougir, un mot tendre et compréhensif envers celui qui n’est pas à la fête, ou ce cri de ralliement qui est le tien et qui promet de bons moments.

Quel est ce rêve dans lequel tu vis ?

Je suis sure que dans ce rêve, tu n’es pas seul. Tu ne sais pas rester seul de toute manière. J’y vois tes amis, réunis tout autour de toi. Quand tu les auras rassasiés de bonne humeur, tu tendras le bras. Parce que dans un rêve, tout est à portée de main. Ce bras ne s’enfuit pas, il va les chercher elles deux, ton âme sœur et ton petit cœur. Elles sont si belles. Et comme tous les autres, elles le sont encore plus quand elles se collent dans tes bras. Tu les vois, tu leur parles. Mais tu ne les sens pas, tu ne peux pas les toucher. Alors maintenant il temps, tu veux te réveiller.

Mais tu ne peux pas. Le rêve est devenu prison de verre. Tu te bats et tu t’agites, rien n’y fait. Tu m’as juste fait sortir de ton rêve.

Quel est ce monde qui t’enferme ?

Je te regarde, et je ne te vois plus. Je ne te reconnais plus. Je refuse que l’on me dise que c’est toi. C’est une statue de cire, une pâle imitation de toi. Ce regard vide je n’y plongerai pas. Il ressemble à un trou sans fond dans lequel je risque de tomber. Ce visage triste d’avoir perdu son sourire ne peut pas être le tien. Et pourtant, je reste là, muette, et je cherche. Je guette l’étincelle qui me montrera où ton esprit s’est caché. Peut être n’est-il pas dans une prison de verre, il est simplement égaré dans ce corps qui survit. Je refuse. Je n’accepterai pas qu’il se soit perdu. Alors la colère monte. Je t’en veux de ne pas te battre. Tu n’as pas le droit, pas toi !

Regarde la ton âme sœur, si seule. On dirait que son sourire s’est enfuit avec le tien. Pourtant elle reste si belle et si digne. Mais je sais qu’elle souffre.
Regarde ton petit cœur qui pleure parce qu’elle veut sauter sur les genoux de son papa et qu’il ne bouge pas. Elle croit qu’elle a fait une bêtise et qu’elle est punie.

Mais il faut garder espoir. Alors moi, je reste plantée là, à t’observer, sans trouver le mot ou le geste magique.

Presque un an. Triste anniversaire pour une chute inexpliquée. Pour un esprit prisonnier et un corps qui survit.

[Pour M, K et leur princesse I]