Reconvertion...

Beaucoup s'en doutent depuis un bon moment.
D'autres se le cachaient pour y croire encore.

On a tenté plusieurs manoeuvre de réanimation?
Massage cardiaque, insufflation, et autre tripotage peu courtois.

Rien n'y a fait.

On s'est fait beaucoup de mal ces derniers temps.
Beaucoup de mal a s'acharner.

Le concept de Munuroe avait un potentiel, mais nous, avions nous vraiment la compétence …

Je repensais à ce que quelqu'un nous a dit en claquant la porte. D'ailleurs, un écho s'est glissé par la fenêtre après son départ en haussant les épaules et en dandinant du cul : Nous sommes fragiles et vacillants comme la flamme d'une bougie, trop instables pour qu'on y consacre son énergie créatrice.
C'est difficile de répondre à un écho. ça vient de loin, c'est aussi franc qu'un …

Sujet: Reconvertion... Sam 23 Aoû - 23:36

Clac clac clac

Le bruit régulier de mes talons sur le pavé de LoneDonne. C'est à peine si je tiens dessus, mais pour le moment, je m'accroche. Ils me font gagner dix bons centimètres. Avec un mètre trente-trois de la tête au bout ces chaussures, je passerai presque pour une humaine.
Presque.
C'est sans compter les ailes qui pendent mollement dans mon dos. Mais qu'importe. Ca me rajoutera de la prestance. Le regard droit, assuré, glissée dans une robe à bustier d'un magnifique satin bleu, je continue.

C'était il y a deux jours. Je rentrais de LoneDonne après une semaine passée à fouiller les poubelles dans l'espoir de rapporter chez moi des objets pouvant avoir une quelconque utilité. Harassée de fatigue et de lassitude, je traînais la grolle sur le trottoir, en direction de la forêt qui borde la ville. Des calèches tirées par des chevaux passent en trombe sur la chaussée, juste à côté de moi. Souvent, des petits graviers jaillissent du sol dans le sillage des roues de bois renforcées et me giclent dessus, frappant mes ailes, mes bras, mon visage quelques fois. Cela m'écœure. Et le pire, c'est que je les envie, les bourgeois pédants qui traînent leur graisse dans une voiture attelée. Il arrive parfois que, lassés de faire semblant d'aimer ou du moins d'accepter sa vie de pauvre hère, on rabaisse son orgueil pour se prélasser dans d'alléchantes pensées d'or et de diamants. Et ça m'arrive de plus en plus fréquemment.

Oui, je l'avoue, j'aimerai être riche. J'en ai assez de cette vie de misère. Je ne veux même pas rentrer chez moi, dans la forêt. Trop fatiguée pour ça. Doucement, dans un petit parc au nord de la grande ville, je me roule en boule sur un banc qui a déjà vu passer des dizaines et des dizaines de fesses, ferme les yeux, et je m'endors ainsi, rêvant de diamants.

Et parfois, il arrive que les rêves deviennent réalité...

J'ouvre les yeux quelques heures plus tard, sur un plafond que je ne connais pas. Je ne suis plus à l'air libre. On m'a couchée dans un large lit surmonté d'un dais savamment brodé, presque trop. Les draps sont de satin, et les murs décorés de tentures aux couleurs pastels. Eberluée, je sors mécaniquement du lit. Tout est devenu richesse dans mon sommeil. Le parc s'est mué en une pièce somptueuse, les arbres aux feuilles jaunâtres sont à présent transformées en tables basses de bois massif ainsi qu'en commodes sculptées. Sur un mince piédestal, trône comme une idole à l'effigie d'un dieu, un énorme diamant dont les multiples facettes distillent l'éclat de la pâle lumière rose du petit matin qui entre par une fenêtre à meneaux encadrée de rideaux, exposant sa palette de nuances lumineuses passant de l'améthyste au quartz rose. Fascinée, je m'approche du splendide minéral, presque avec révérence, et, en proie à une curiosité contenue, je l'effleure du bout des doigts. Ce fut ce moment précis qu'il choisit pour se manifester.

- Tu pourrais l'avoir, si tu le désire.

Je sursaute violemment et me retourne. Mais, à ce moment précis, les rideaux tombèrent sur la fenêtre et j'entendis le bruit d'un volet qui claque. La lumière s'éteignit. Noir complet, épais, étouffant. Paniquée, ne sachant plus quoi penser, je restais pétrifiée à écouter cette voix enjôleuse et masculine qui amenait enfin mes vagues rêves de richesses au stade de probable futur.

- Tu pourrais avoir une chambre comme celle-ci, une garde-robe remplies de tenues plus belles les unes que les autres. Tu pourrais avoir une vraie habitation en ville avec des domestiques qui s'occuperont de tout ce à quoi tu ne voudras pas penser. Jamais plus tu n'auras faim ni froid. Le soir, tu rentreras dormir dans un véritable lit. Tu auras plus d'argent que tu ne l'aurais jamais imaginé. Accepte simplement mon offre, et tout ceci pourras être possible.

Je t'ai trouvé écroulée sur un banc dans les quartiers miteux de la ville. C'est de filles comme toi dont j'ai besoin. Je sais que tu en as vu de dures, je sais que tu es courageuse et que tu ne reculeras pas devant le danger. Je sais que tu es une sylpheline et que nombreux de tes frères travaillent dans un milieu semblable au mien. Je sais aussi que tu es jolie et que c'est une qualité très importante pour devenir mon agent. Travaille pour moi, et tu n'auras plus jamais à faire les poubelles.

Il est important que nous restions dans le noir et que tu ne voies pas mon visage, dans le cas très peu probable où tu refuses mon offre. Tu vois, je te laisse le choix. Tu peux dire oui, ou bien refuser. Mais regarde ton passé,et vois ton avenir, si tu acceptes ma proposition.

Ton travail consistera à dépouiller les victimes que je t'aurais choisies à l'avance du bien que je désire. Tu devras faire preuve d'audace, d'imagination, de créativité et de charisme pour arriver à tes fins. Tu me rapporteras à la fin de ta chasse le butin dans cette même pièce, sur la commode qui se trouve à droite de la fenêtre. Tu le déposeras et tu repartiras sans demander ton reste. Tu touchera 45% du prix de revente des objets que je t'ordonnerai de me ramener. Tant que tu n'auras pas de domicile fixe, ton salaire te seras livré par un agent que j'informerai de ta venue parmi nous. En ce moment même, il est en train de placer une enveloppe contenant le nom, le lieu où il se trouvera dans 48 heures et le butin recherché de ta première victime. Elle t'attendra et te prendra pour quelqu'un d'autre. Tu vois, mon agent est très discret. Nous le sommes tous. La ville grouille d'agents à mon service, mais ils sont si compétents que personne ne s'en aperçoit. Sois-en digne, fillette.

Si tu acceptes mon offre, tous les diamants dont tu pourras jamais rêver seront à ta disposition...

Clac clac clac

J'arrive à l'endroit convenu que mon employeur m'a indiqué dans l'enveloppe. 546, avenue Stone, LoneDonne Sud Ouest. Je lève les yeux vers une fenêtre rectangulaire ancrée dans la façade plusieurs mètres au-dessus de moi. Des habitations. Rien ne distingue cette ruelle du restant de la ville. Je pose les yeux sur ma nouvelle montre rutilante. Il - ou elle - devrait bientôt arriver...

{ Qui ? Quoi ? Pourquoi ? A celui qui continuera de décider ! ^^ }

Sujet: Re: Reconvertion... Lun 25 Aoû - 23:44

Voilà.
Une nouvelle recrue.
C'est si facile.
Je chasse rapidement le gout amer, le gout de bile qui soudain m'envahit la gorge, comme un thé vert trop âcre.

Pourquoi elle ? Elles pullulent dans Lone Donne, ces provinciales creve la faim qui arrivent de leurs forêts des étoiles plein les yeux et qui finissent aussi épaisses qu'une skeletonne et les bras comme une mercerie à côté de la grosse Mado.

Pourquoi elle ?
Quand Ranjo m'a appelé de la fenêtre, m'a entrainé vers la place pour me la montrer, peletonnée sur ce banc aux échardes grisâtres, j'ai juste hoché la tête, signal pour lui de l'embarquer pour un stage d'initiation/spécialisation.
Et puis, avant qu'il la réveille, je suis revenu sur mes pas.

Attend. Emmène la plutôt au manoir.

Je n'ai pas bronché devant son oeil étonné. On s'explique pas devant la piétaille.
Qu'est-ce qui m'a fait changé d'avis ? Son visage confiant pendant son sommeil ? Son demi sourire, presqu'enfantin ? Ou non, plutôt la stratégie économique qui se met en place, tirer le meilleur parti des talents devinés. Elle sera plus utile comme chapardeuse que comme trimardeuse. Oui, c'est plutôt ça.

Alors, j'ai sorti le grand jeu. Pygmalion inconnu, voix chaude et grave, mâle mystérieux et diamant brillant.
Et elle a accepté, bien sûr.
De toutes façons, aurait-elle refusé que l'affaire aurait été close....

Je l'imagine trottinant vers son premier rendez vous, le buste droit et l'air encore etonné.
Sans doute s'est-elle acheté quelque chiffon. J'imagine bien un bustier. Ou un foulard. Et aussi, probablement, pour montrer sa bonne volonté, un outil de travail. une montre, des chaussons souples, peut etre un passe partout.

Va, fillette, remplis ta mission et ne me déçois pas surtout.
Mon agent t'attend. Tu seras sans doute surprise d'être abordée par cette gamine plus jeune que toi, aux yeux plus sombres que des puits asséchés, au poitrail d'oiseau et à la voix de petite vieille. Tu y verras peut être une menace. Tu auras raison.
Je t'imagine déchirer l'enveloppe pendant que l'oiselle s'enfonce dans les ombres de l'impasse.
J'imagine ton air étonné.

Un peigne ? oui, juste un peigne. A cette petite peste de Djaya. Débrouilles toi comme tu veux. Mais ramène moi son peigne.
Penses à tes diamants.
Ne me déçois pas.

Sujet: Re: Reconvertion... Mar 26 Aoû - 21:45

Oui, je pense à mes diamants...
Comment pourrais-je penser à autre chose, comment aurais-je pu penser à autre chose, alors que je viens d'accepter un travail grisant, malsain et dangereux ?
Oui, je pense à mes diamants...
Je la vois déjà accrochée à mon cou, la rivière somptueuse de ces pierres éternelles que j'ai vue en passant devant une boutique sur le chemin du rendez-vous mystérieux, elle sera à moi bientôt, elle ornera mon cou, fera étinceler ma peau, soulignera ma poitrine et attisera les convoitises. Bientôt...
Mon Dieu ! Mais est-ce que je deviendrai une elfe, pour avoir de telles pensées ? Vaudrait mieux pas. J'ai besoin de toute ma tête et de méninges bien huilées ( et d'un joli sourire, aussi ) pour mener à bien ma première mission. Je dois réussir. Et après tout, je ne fais que rêver à la récompense bien méritée que je gagnerai en ayant prit ce risque considérable. Ce n'est pas rien. Et ça, une elfe n'en est même pas consciente. Pour elle, ce serait obtenir un cadeau d'admirateur ou que sais-je. Moi, je sais me reconnaître à ma juste valeur, c'est tout.

Djaya.
Je crois que je ne la connais pas.
J'espère en tout cas ne pas la connaître.
Non, plus que ça.
Je ne DOIS pas la connaître.

Bien que dans la peau d'une voleuse-face-à-face, qui doit se montrer précise, mais impitoyable, je ne me suis pas changée du jour au lendemain en tueuse sanguinaire et complètement dénuée de conscience. Je ne dois pas l'être d"ailleurs, heureusement, ce n'est pas ce qu'IL attend de moi. Je dois être prête, aiguisée, comme une lame, comme un diamant longuement poli. Mes sens et mes actes doivent être de diamants, doivent être parfaits. Je dois être parfaite.

J'ai l'impression d'entendre des pas, soudain.
Peut-être est-ce simplement mon cœur qui bat un peu trop fort.
Cela aussi, je dois le réguler.
Non, ce n'est pas qu'une impression, des pas se rapprochent certainement.

Pourvu, pourvu que je ne la connaisse pas...

Sujet: Re: Reconvertion... Mar 2 Sep - 18:27

Face à la fenêtre, regardant la rue en contrebas sans la voir, je me prépare machinalement un black russian en pensant à la mission que je lui ai confié.

Djaya.
Suffisamment coriace pour servir de test. Quelque soit la façon dont va s'y prendre ma petite sylph', escamotage, chantage, achat, drague... Ca ne sera pas facile.

Pourquoi le peigne ? Après tout, ce n'est qu'un peigne en nacre, même pas serti. Je l'avais vu une fois se recoiffer convulsivement après une peignée que je lui avais administré.
Est-ce qu'il compte pour Djaya ? Je n'en sais rien. Tout ce qui compte, c'est que je possède un objet à elle. Avec quelques cheveux. Toujours utiles, ça....

Et d'imaginer la Djaya après une bagarre sans peigne et coiffée comme un dessous de bras m'amuse.....
Ca vaut bien quelques diamants...

Sujet: Re: Reconvertion...