 Sujet: Spectre de givre dans les Marais.  Dim 26 Avr - 20:23 |
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Il est là, immobile sous la pluie.
L’eau coule sur son visage blafard, sur ses yeux qui jamais ne clignent.
Comme une statue issue des coups de burins hallucinés d’un tailleur de glace dément.
Comme un golem de givre issu des bas fonds d’une ville orientale.
Korhang Ofaar.
L’un des élus de Lymbia.
Ses pieds massifs enfoncés dans la boue du marécages.
Indifférent aux remous causés par les remugles jaunâtres.
En face de lui, sous cette averse grise, je le héle et le provoque.
En vain.
Mon premier coup d’épée ripe sur sa cuirasse noire, glisse sur son cuir couleur neige sale.
Je m’enhardis, m’approche, plus près.
Second coup, d’estoc cette fois ci.
L'albâtre, enfin qui se teinte de pourpre.
Et ce geste mécanique, comme mu par un infernal engrenage, sans que bouge un muscle du visage, sans que clignent les yeux blancs, gigantesque presse qui me heurte le thorax en m’envoie plonger dans la vase putride.
Je reviens à la charge, encore et encore.
Nuage de vapeur autour de mon corps tandis que je m’échine à frapper, encore et encore.
La pluie qui nous transperce, encore et encore
Ses gestes gourds et puissants, automate tueur, masse anesthésiée qui me frappe et me blesse, encore et encore.
Un dernier coup, enfin, au creux du cou et le sang chaud qui fuse, me recouvre, se mêle à cette pluie acide.
Il tombe, lentement, au ralenti. Sur les genoux.
Et ses yeux blancs qui jamais ne clignent.
Et cette pluie qui jamais ne cesse.
J’ôte doucement, presque tendrement, le collier d’acier attachant la cape de fourrure qui entoure son col déchiqueté par mes coups d’épée. Honteux trophée.
Il est mort,
Yeux ouverts.
Et moi, moi qui ai renvoyé les deux élus dans les limbes.
Moi, je laisse l’averse me laver et m’absoudre.
De ce qui me semble être un crime sans honneur.
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Six
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